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L’AOC Graves et l’AOC Pessac-Léognan
Vins et terroirs
La palette de couleurs des vins blancs des Graves varie fortement en fonction des vins, de leur élevage en barrique ou en cuve d’acier, de l’année, du cépage et de l’âge du vin. La robe peut arborer un jaune doré profond jusqu’à une nuance presque incolore à l’image des vins de Château Carbonnieux. Une célèbre anecdote raconte que les moines de l’abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux, alors propriétaires du Château, voulurent commercialiser des vins en Turquie, malgré l’interdiction islamique. Ils eurent l’idée d’étiqueter les bouteilles en tant qu’eau minérale de Carbonnieux. Le sultan commenta alors que si les eaux minérales françaises étaient aussi bonnes, pourquoi donc se donner la peine de faire du vin ? Avec le temps, la couleur de ces vins blancs s’intensifie. Au nez, ils dévoilent des arômes de pin, d’acacia et de miel. Les vins blancs sont élaborés à partir de deux cépages complémentaires, mais de caractère opposé. Dans la première jeunesse du vin, le sauvignon blanc est expressif, offrant des notes de fruits blancs, de fleurs et d’agrumes, tandis que le sémillon (cépage historique des Graves) reste discret. Avec le vieillissement du vin, la situation s’inverse et le sémillon dévoile alors son expression aromatique avec des notes d’acacia, de fruits confits, de miel et de cire, de fleur de lys et de pin. Le sémillon révèle une force, une sensation dense et enveloppante et une onctuosité qui en font par ailleurs le cépage par excellence du sauternes.
Jonché de graves (petits galets charriés depuis les Pyrénées par les glaciers et la Garonne), le terroir, bordé de pinèdes et le fleuve, donne naissance à une élégante palette aromatique dans les vins de cette zone viticole. Les vins rouges, élaborés principalement à partir de cabernet sauvignon (et dans une moindre mesure de merlot), développent des arômes complexes de fruits noirs (cassis), de violette, de torréfaction et de cacao, ainsi que des notes fumées et de réglisse. Ces vins renforcent après une dizaine d’années leur complexité aromatique avec des notes de gibier et de lard fumé. En bouche, les notes minérales du vin se révèlent, leur dimension onctueuse s’allie parfaitement à leur structure corpulente.
Le vignoble
Le vignoble des Graves est sans doute le plus bordelais de tous les vignobles. Jouxtant Bordeaux dans sa partie nord, il s’étend le long de la Garonne jusqu’à Langon.
Le vignoble des Graves s’étend aujourd’hui sur une langue de terre graveleuse de 60 km, de Bordeaux à Langon, le long de la rive gauche de la Garonne à l’est et protégé par les forêts landaises à l’ouest. Ce vignoble est étroitement lié à l’histoire viticole de Bordeaux. Depuis le Moyen Âge, les vins de la cité sont connus sous le nom de « graves de Bordeaux », en dehors des frontières de la juridiction. Leur renommée n’a fait que croître au fil des siècles, grâce au mariage d’Aliénor d’Aquitaine en 1152 avec Henri de Plantagenêt, futur roi d’Angleterre, puis grâce à Montesquieu, le plus illustre vigneron de l’AOC. Au XVIIe siècle, les clarets (vins rouges légers) étaient consommés dans les tavernes de Londres. Le vin de Haut-Brion, appelé vin de Pontac (du nom de son propriétaire Arnaud de Pontac) devient le premier vin de château de Bordeaux à être identifié comme tel. Haut-Brion sera par ailleurs le seul château hors Médoc à être intégré dans le classement de 1855 au titre de premier cru classé aux côtés de Château Latour, Margaux et Lafite Rothschild.
Dans les années 1950, l’idée de créer un classement des vins de Graves se renforce et devient officielle en 1959. Seize châteaux sont reconnus, soit pour leurs vins rouges, soit pour leurs vins blancs, ou pour les deux. Ce classement qualitatif permettra aux vignerons d’obtenir en 1964 la création d’une AOC communale pour les caractéristiques de leurs vins. En 1987, l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) reconnait l’AOC Pessac-Léognan au sein de l’appellation Graves : une AOC prestigieuse comprenant 10 communes de la périphérie de Bordeaux.
Les AOC
En 1987, l’AOC Graves est subdivisée à la périphérie sud de Bordeaux pour créer une nouvelle AOC plus élitiste appelée Pessac-Léognan.
Historiens et des géographes ont montré que vignoble des Graves s’étendait aux alentours de la ville de Bordeaux (la cité de Burdigala) dès l’Antiquité et qu’il produisait principalement des vins rouges. Puis, au fil des siècles, il s’est étendu vers le sud et a rejoint au XIXe siècle les autres vignobles de la rive gauche de la Garonne, autour de Sauternes et de Langon (producteurs de vin blanc), formant ainsi un seul territoire, les Graves. Cependant, à la faveur du classement des meilleures propriétés de l’AOC Graves en 1959, les vignerons dont les propriétés ont été classées (toutes situées dans la périphérie de Bordeaux) ont fait valoir leurs vins qui sont supérieurs à ceux du sud pour leur typicité, ainsi que pour leur valeur, leur histoire viticole liée à Bordeaux. Finalement, une nouvelle AOC leur est accordée en 1987 : l’AOC Pessac-Léognan.
Les deux AOC n’ont pas les mêmes règles de production, mais elles partagent les mêmes cépages. Pour les vins rouges : cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot, malbec (côt) et petit verdot. Pour les vins blancs : sémillon, sauvignon et muscadelle.
L’héritage socio-historique des vins de la région marque également leur structure, comme à Saint-Émilion. La taille moyenne des vignobles est modeste, très peu dépassent les 25 hectares, loin des grands domaines du Médoc.
AOC Graves : cette AOC historique s’étend aujourd’hui sur trente communes et représente un vignoble de près de 3 700 ha, dont l’encépagement est majoritairement rouge (2 570 ha). Le reste de la production est consacré au vin blanc sec principalement. Il est également possible de produire des vins liquoreux, mais ceux-ci prennent alors l’appellation AOC Graves Supérieures (environ 330 ha). Les règles de production sont moins strictes que dans l’AOC Pessac-Léognan. Le rendement par ha ne peut dépasser 50 hl pour les rouges et blancs secs et 40 hl pour les vins liquoreux. La densité minimale de plantation est fixée à 5 000 pieds par ha. C’est pourquoi les vins des Graves ont un coût de production plus faible que ceux de Pessac-Léognan.
AOC Pessac-Léognan : créée en 1987, cette AOC a été volontairement définie dans une perspective qualitative en adéquation avec la demande actuelle. Son territoire plus restreint ne couvre que 10 communes et représente 1 530 ha de vignoble (1 293 ha de rouge et 267 ha de blanc). La réglementation y est plus stricte. Les rendements par ha y sont limités à 45 hl pour les rouges et à 48 hl pour les blancs. La densité de plantation par ha doit être d’au moins 6 500 pieds. Une autre distinction par rapport à l’AOC Graves est l’impossibilité de produire des vins blancs uniquement à partir du cépage sémillon. Le sauvignon blanc doit toujours entrer pour un minimum de 25 % dans l’assemblage des vins blancs de Pessac-Léognan.
Les sols
L’AOC Graves tire son nom des pierres qui jonchent le sol des vignobles : des galets roulés par les eaux de la Garonne depuis les Pyrénées. Il s’agit par ailleurs de la seule AOC de Bordeaux dont le nom provient de la nature des sols qui la caractérisent. Le terroir de Graves est une formation assez récente sur l’échelle des temps géologiques, puisqu’il s’est formé au Quaternaire (il y a environ 2 millions d’années). Les alluvions de pierres et de sable, résidus de l’érosion des roches pyrénéennes et de la Montagne Noire, ont été apportées par la Garonne et ses affluents, à l’époque plus abondants qu’aujourd’hui, et déposées sur les rives du fleuve. Ainsi, sur un socle calcaire érodé par les forces motrices de l’eau, se sont déposés au fil du temps différents types de roches (argile calcaire, silice, sable, limons, marne) qui constituent le terroir des Graves.
Ces pierres ne sont pas présentes sur l’ensemble de la rive gauche du fleuve. Elles se sont entassées sur les crêtes successives perpendiculaires à l’écoulement des eaux. Ayant été déposées à une époque plus ancienne que le socle actuel de la Garonne, on les retrouve sous forme de terrasses comme on peut le voir à Portets. La partie la plus éloignée de la Garonne, créée avant le Quaternaire, est quant à elle composée d’un sous-sol calcaire sur lequel on retrouve le sable commun des Landes, impropre à la culture de la vigne. En se rapprochant du lit, se trouve l’ancienne haute terrasse composée de graviers pyrénéens sur laquelle se trouve le terroir de Pessac-Léognan.
Cependant, si les graves sont visuellement présentes en surface, c’est la diversité géologique du sous-sol de l’AOC qui détermine la qualité des vins. Plus les racines sont enterrées profondément, moins il y a de graves, car elles se trouvent mêlées à de l’argile, du sable et du limon.
Autour de Portets, village des Graves réputé pour la qualité de ses vins, le plateau de Portets est composé de grave qui proviennent de la Montagne Noire, d’une époque plus récente que les graves pyrénéennes. Et enfin, plus près de la base actuelle du fleuve, on trouve les « palus », zone submersible où le sol est plus riche.
Les cépages
Si Bordeaux produisait autrefois plus de vins blancs que de vins rouges, aujourd’hui les cépages blancs ne représentent pas plus de 12 % de la surface du vignoble. Le sémillon et le sauvignon sont les principaux cépages blancs de Bordeaux.
Sémillon : ce cépage historique du vignoble bordelais marque, par sa signature, les plus grands vins liquoreux des AOC Sauternes, Barsac, Sainte-Croix-du-Mont et Loupiac, et confère son style opulent et vineux aux meilleurs vins de Pessac-Léognan. Le sémillon est le plus cultivé des cépages blancs et le mieux implanté, couvrant 55 % du vignoble blanc à Bordeaux. Cependant, la surface du vignoble de sémillon s’est réduite de moitié en trente ans pour laisser place aux cépages rouges, qui connaissent un grand succès ces dernières décennies. La baisse des ventes de vins blancs et un engouement moindre des consommateurs pour les vins liquoreux ont contribué à la diminution du vignoble blanc dans le département de la Gironde.
Le sémillon s’exprime pleinement sur les sols graveleux de la région des Graves, entre Bordeaux et Langon, et ne perd en rien ses qualités lorsqu’il est assemblé avec du sauvignon. C’est la raison pour laquelle on retrouve le sémillon dans de nombreux vins de Graves et notamment de Pessac-Léognan. Lorsque le vin est jeune, le sémillon reste discret, ce qui pousse les vignerons à privilégier le sauvignon pour les vins blancs qui se boivent jeunes.
Sauvignon blanc : ce cépage blanc connaît un grand succès à Bordeaux mais aussi en Nouvelle-Zélande, en Californie ou en Afrique du Sud. En France, on le trouve dans certains des meilleurs vins du Val de Loire, à Sancerre et à Pouilly-Fumé. Dans les petites AOC produisant des blancs secs (AOC Bordeaux, Entre-deux-Mers, Graves, Premières Côtes de Blaye) destinés à une consommation rapide, le sauvignon a été préféré au sémillon. Il couvre aujourd’hui 32 % du vignoble blanc à Bordeaux. Ses qualités gustatives, sa fraîcheur, sa vivacité ont font le succès des blancs de Bordeaux. Il permet de produire des vins blancs secs, faciles et séduisants en première attaque lorsqu’il est cultivé dans les grands terroirs de Pessac-Léognan, mais peut également s’avérer complexe en vieillissant. Certains des meilleurs crus de Bordeaux sont d’ailleurs majoritairement composés de sauvignon : Haut-Brion (67 %), Malartic-Lagravière (80 %), Domaine de Chevalier (70 %), Smith Haut-Lafitte (90 %) et le vin blanc de Couhins-Lurton est exclusivement élaboré à partir de sauvignon.
On retrouve d’autres cépages dans l’élaboration des vins de Bordeaux, bien qu’ils tendent à disparaître au profit du sauvignon ou de cépages rouges comme le merlot, le cabernet sauvignon et le cabernet franc. La muscadelle, par exemple, représente encore 7 % du vignoble blanc et permet la production de vins fruités aux arômes originaux. On trouve également de l’ugni blanc, connu dans la région sous le nom de « saint-émilion des Charentes », qui apporte de l’acidité et est utilisé dans l’assemblage du crémant-de-bordeaux. Enfin, le colombard, le merlot blanc et l’ondenc tendent à disparaître, bien qu’ils soient autorisés dans les règlements des AOC.
Les vins blancs sont élaborés avec fraîcheur, complexité aromatique, longueur et équilibre en bouche, tous ces éléments caractérisant un grand vin de Bordeaux. Pour y parvenir, le sauvignon et le sémillon doivent être délicatement vinifiés. Un bon cépage ne suffisant pas à faire un grand vin, c’est tout le savoir-faire des vignerons bordelais qui permet à ces deux cépages d’exprimer toute leur fraîcheur, leurs arômes et leur opulence dans des vins séduisants et complexes.
Histoire
Le vignoble des Graves joue un rôle déterminant dans l’essor et le développement de Bordeaux, dont la bourgeoisie, grâce à ses privilèges, a su assurer la réputation de ses vins. Bordeaux est sans doute la capitale mondiale du vin, mais en serait-elle arrivée là sans les vins des Graves ? Il est vrai que la vigne est cultivée autour de Burdigala dès l’Antiquité. Le poète Ausone mentionne notamment cette activité. Ce n’est cependant qu’au XIIe siècle que la capitale de l’Aquitaine prend son essor. L’activité du port est frénétique : avant l’hiver, des centaines d’hommes chargent des tonneaux de vin, qui sont expédiés juste après les vendanges, vers les ports d’Angleterre. Aliénor d’Aquitaine épouse Henri de Plantagenêt. Après l’arrivée de Guillaume le Conquérant un siècle plus tôt, les habitudes alimentaires et les coutumes du prince français sont adoptées, dont le vin, boisson chrétienne par excellence. La perte de Rouen en 1214, puis la reddition de La Rochelle dix ans plus tard, favorisent le vignoble bordelais et en font le principal fournisseur de vin de l’Angleterre. C’est ainsi que Bordeaux a construit sa richesse autour du vin. En 1307, année record, le port expédie l’incroyable quantité de 900 000 hectolitres de vin en Angleterre, un record qui ne sera pas égalé avant les meilleures années du XIXe siècle. Le vignoble bordelais doit faire cependant face à la concurrence des vignobles voisins. En effet, les vins du Haut-Pays descendent la Garonne, et au-delà de Langon, les vins de Cahors, Gaillac et Toulouse. Pour se défendre contre cette concurrence, les ecclésiastiques et les bourgeois de Bordeaux, principaux propriétaires des vignobles, ont mis en place à partir du XIIIe siècle un arsenal juridique et financier qui allait leur permettre d’exporter leurs vins au meilleur moment (après les vendanges et avant Noël, pour éviter les tempêtes hivernales) et d’être exonérés d’une partie des taxes. Ainsi baptisés, les privilèges de Bordeaux ne sont abolis qu’après la Révolution française en 1789. Seuls les vins provenant de vignobles relevant de la juridiction de Bordeaux, notamment les Graves, pouvaient bénéficier de ces privilèges. À partir de 1401, les vins du Médoc vont subir le même sort que ceux du Haut-Pays. Il leur était interdit d’être expédiés à l’étranger au-delà des ports situés en aval du quartier des Chartrons à Bordeaux, le quartier des marchands. La bourgeoisie bordelaise a réussi à faire en sorte que les vins du Médoc soient vendus en premier sur le marché de la capitale de l’Aquitaine. Ainsi, dès le XVe siècle, le modèle économique qui régit encore aujourd’hui la vente des grands vins de Bordeaux par les négociants installés dans la ville était déjà en place.
Cet âge d’or dure jusqu’en 1453, lorsque le roi de France affronte l’armée anglaise à Castillon, sur les rives de la Dordogne, et revient victorieux à Bordeaux quelques semaines plus tard. À la fin du XVe siècle, les expéditions de vin depuis Bordeaux sont dix fois moins importantes qu’un siècle plus tôt. C’est grâce aux Hollandais que le vignoble continuera de prospérer. Dès le début du VIe siècle, ces derniers ouvrent de nouveaux marchés et vont moderniser en profondeur la viticulture locale.
Classement
Le classement des Graves est officiel depuis 1959, il a été établi en tenant compte du prix des vins sur les marchés, relevés par les négociants bordelais. Une première liste a été établie en 1953. Révisée et complétée en 1959, celle-ci compte 16 châteaux, tous situés dans l’AOC Pessac-Léognan. Le Château Haut-Brion est le seul vin de Bordeaux qui fait partie de ce classement de1959 et de celui de 1855. Dans le classement il n’y a pas de hiérarchie, les vins sont classés pour leur vin rouge ou leur vin blanc, ou les deux.
Château Haut-Brion : Cru Classé de Graves rouge et 1er Cru Classé en 1855.
Château Bouscaut : Cru Classé de Graves rouge et blanc
Château Carbonnieux : Cru Classé de Graves rouge et blanc
Domaine de Chevalier : Cru Classé de Graves rouge et blanc
Château Couhins : Cru Classé de Graves blanc
Château Couhins-Lurton : Cru Classé de Graves blanc
Château de Fieuzal : Cru Classé de Graves rouge
Château Haute-Bailly : Cru Classé de Graves rouge
Château La Mission Haut-Brion : Cru Classé de Graves rouge
Château La Tour Haut-Brion : Cru Classé de Graves rouge et blanc
Château Latour-Martillac : Cru classé de graves rouge et blanc
Château Laville Haut-Brion : Cru Classé de Graves blanc
Château Malartic-Lagravière : Cru Classé de Graves rouge et blanc
Château Olivier : Cru Classé de Graves rouge et blanc
Château Pape Clément : Cru Classé de Graves rouge
Château Smith Haut-Lafitte : Cru Classé de Graves rouge